L’Aide Publique Française, ou le développement à une condition: la participation d'entreprises françaises


La France, comme la plupart des pays du G8, est inscrite dans une stratégie de lutte contre la pauvreté à l’endroit des pays en voie de développement. Cette stratégie est menée à travers plusieurs programmes. Ceux ci se formalisent sous forme d’aide et peuvent être soient bilatéraux ou multilatéraux. L’aide multilatérale[1] se fait à travers une contribution financière au capital de grandes institutions financières œuvrant dans le domaine du développement telles que la Banque Mondiale, la Banque Interaméricaine de Développement (BID), la Banque Asiatique de Développement (BAsD), la Banque Africaine de Développement (BAfD), et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD).

Au niveau de l’aide bilatérale, il s’agit plus d’une relation formelle entre la France et un État en particulier. Une liste de pays dite «de solidarité prioritaire», établie et mise à jour, reçoit des dons, des prêts ou des allègements de dettes. La France, à travers l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, favorise la conversion des dettes en investissements locaux. Une priorité est accordée aux programmes d’investissement visant l’éducation, la santé ou la sécurité alimentaire. L’Agence Française de Développement (AFD) est l’établissement public chargé de la mise en œuvre de la politique d’aide bilatérale au développement. La gestion de cette aide n’est pas toujours en faveur des entreprises locales. Ainsi en décembre 2012, le journal de référence La Lettre du Continent[2] faisait des révélations relatives au contrat de désendettement et de développement signé entre le gouvernement français et l’Etat de Cote d’Ivoire. Dans ce protocole un accord exclusif a été trouvé reservant aux entreprises françaises la réalisation du volet infrastructure et permettant d’apporter un soutien aux entreprises françaises voulant investir en Côte d’ivoire. Ces pratiques ont également été decriées au Cameroun. Ainsi en 2011, Monsieur Dov Zerah, DG de l’Agence française de développement, declarait[3] qu'«en moyenne, sur tous les C2D, la répartition entre entreprises françaises et entreprises camerounaises est globalement équilibrée avec un chiffre autour de 45 % chacune» [3]. Au niveau des pays émergents, la gestion de l’aide se fait à travers deux mécanismes mis en place par les services du ministère de l’économie et ceux du ministère de l’industrie. Le premier intitulé RPE[4] (Reserve Pays Emergents) permet avec une enveloppe globale d’environ 200 millions d'euros par an de financer sous forme de prêts bonifiés des projets d'infrastructure répondant aux priorités immédiates de développement de ces pays : l'eau, l'électricité ou les transports. La mise en œuvre de ces projets doit obligatoirement faire intervenir des entreprises françaises pour bénéficier de l'aide bilatérale de la France. L’aide publique consentie au titre des fonds RPE est liée c'est-à-dire que le projet retenu doit faire appel au savoir-faire de la France et promouvoir des biens ou des services français. Il existe toutefois une tolérance permettant l'intervention de sociétés étrangères ou locales, dans la limite maximum pour chacune de 15 % du montant global du projet. En fait, l'expérience montre que la procédure RPE est accessible en priorité à des projets dans lesquels interviennent des entreprises françaises exprimant clairement une stratégie de développement orientée en direction des pays bénéficiaires.

Le second mécanisme est le Fasep[5] (Fonds d’aide et d'études au secteur privé), il permet aux maîtres d'ouvrage implantés dans les pays en développement de bénéficier d'une assistance technique gratuite (les aides sont uniquement consenties sous la forme de dons) avant le lancement de leurs projets. Chaque année, c'est environ 15 millions d'euros qui sont ainsi versés au titre du Fasep-Etudes. Les destinataires sont généralement des collectivités territoriales qui peuvent utiliser grâce à cette procédure les services d'un cabinet-conseil ou d'un bureau d'études français.

A titre d’exemple d’entreprise ayant bénéficié de l’aide publique, nous pouvons citer Egis-international[6], champion français de l’ingénierie du développement. Cette société à réalisé en 2004 un chiffre d’affaire de 75 millions d’euros dont 80% hors de France dans les pays en développement. Elle travaille dans le transport, l'eau, l'environnement et l'énergie. Son activité se concentre sur des projets financés par l'aide publique au développement gérée par l’AFD.


[1] «Aide publique au développement : la France en pointe», par Didier Willot (Cahier «Industries»), 2005 (Juillet-août), disponible à l’adresse suivante : http://www.dgcis.redressement-productif.gouv.fr/files/files/archive/www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/kiosque/cahiers/pdf/c106.pdf (dernière consultation le 27 mars 2013).

[2]«Améliorer l’efficacité et la transparence de l’aide française au développement», par Mathieu Dupré, 2013 (10 février), disponible à l’adresse suivante :http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/aide-au-developpement-et/assises-du-developpement-et-de-la/les-cinq-grands-chantiers/comment-assurer-une-aide/contributions-21811/article/ameliorer-l-efficacite-et-la (dernière consultation le 27 mars 2013).

[3]«Interview de Dov Zerah, DG de l’Agence française de développement», par Alain B. Batongué et Brice Mbodiam, disponible à l’adresse suivante :http://www.cameroon-info.net/stories/0,28506,@,interview-de-dov-zerah-dg-de-l-agence-francaise-de-developpement.html (dernière consultation le 27 mars 2013).

[4] «Aide publique au développement : la France en pointe», par Didier Willot (Cahier «Industries»), 2005 (Juillet-août), disponible à l’adresse suivante : http://www.dgcis.redressement-productif.gouv.fr/files/files/archive/www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/kiosque/cahiers/pdf/c106.pdf (dernière consultation le 27 mars 2013).

[5] Idem.

[6] Idem.

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