Mots de la fin

À la lumière des différents constats que nous avons soulevés dans ce blogue, j'aimerais conclure avec une prise de position sur notre questionnement premier: "À qui profite réellement l'aide internationale?" 

La population du pays aidé n'est certainement pas la plus bénéficiaire du développement international, malgré la mission première de ce principe de développement. Force est de constater que la réalité actuelle des pays en développement ne fait que s'aggraver pour la plupart et que ce développement ne présente que de petites réussites ici et là, sans toutefois en faire profiter globalement la population locale. Les exemples de réussite, comme par exemples les pays dits émergents (le Brésil, l'Inde, la Chine, entre autres), et certains cas comme la Bolivie qui tente de faire profiter sa population des bénéfices de l'extraction minière et pétrolière, démontrent en réalité que ces réussites ne sont pas dues au développement et à la coopération internationale et qu'il s'agit davantage d'une prise en charge nationale et locale.

On peut donc penser que les profits sont plutôt entre les mains des entreprises des pays bénéficiaires de l'aide internationale. En effet, il s'agit d'une déduction tout à fait logique et légitime, qui sous-entend que cette aide bénéficie tout de même au pays visé, mais que les profits ne sont tout simplement pas redistribués à la population. Seuls  les producteurs et entreprises locales bénéficient de cette aide. Je dirais en fait qu'il s'agit d'une partie de la réponse, mais que ce n'est pas tout. Il faut penser qu'il existe aussi beaucoup de corruption dans le monde des affaires et les gouvernements de ces pays en développement en ressortent souvent gagnants. Malgré le manque de données concrètes sur cette situation étant donné sa nature illicite, plusieurs indices que nous avons exposés dans ce blogue nous laissent croire que les bénéfices dans le pays visé par l'aide internationale sont répartis entre le gouvernement et les entreprises locales.

Or, est-ce la majorité des profits qui restent sur place, dans le pays visé par l'aide internationale? En toute sincérité, je ne crois pas. Ainsi, selon les données et observations que nous avons recueillies, j'estime que ce sont de loin les entreprises des pays développés qui profitent le plus de l'aide internationale. En effet, celles-ci, en plus de recevoir une subvention relativement généreuse de l'état pour répondre aux objectifs de développement, s'installe dans un pays en développement où il peut tirer profits de leurs ressources et installations. Dans le langage commun, on dirait qu'ils détiennent "le gros bout du bâton", car ayant les recours financiers, ils ont un pouvoir décisionnel avantageux et une position qui leur permet de rendre les affaires rentables et en leur faveur. 

Enfin, face à ces constats, une chose est certaine: il sera tôt ou tard nécessaire pour les pays du Nord de se questionner à savoir ce qu'ils peuvent faire pour assurer un développement davantage durable, car sans ces pays du Sud, leur propre économie sera affectée... 

Merci à tous pour votre collaboration, votre intérêt et vos échanges, qui furent absolument enrichissants! Ce fut un plaisir de contribuer à la compréhension générale de ce phénomène qui ternit de plus en plus le visage de l'aide internationale.

Annie Carrier




En ce qui me concerne, je voudrais réitérer que l'aide internationale qui profite aux producteurs locaux peut être considérée comme une subvention prohibée à la branche de production nationale, mais juridiquement parlant elle ne l'est pas. En d'autres termes les organismes internationaux qui ont le siège social dans un pays donne (prenons l'exemple de l'ACDI au Canada) attribuent des aides internationales aux leaders de la branche de production nationale, comme SNC-Lavalin par exemple. Ensuite cette aide est tout simplement détourné par les cadres haut placés de l'entreprise en question.

Au total plus de huit milles projets ont été approuvés et financés par l'ACDI alors qu'en réalité près de 12% seulement de ces projets ont été implantés. Ce que veut dire qu'un pourcentage minime de tous les projets financés par l'ACDI voient le jour au bout du compte. C'est outrageux et inadmissible mais c'est ainsi que le système fonctionne. 

On peut conclure qu'il reste beaucoup à faire pour que les aides internationales profitent à la base de la pyramide, pour que tout ce qui est légale soit aussi légitime et pour que le processus de la mondialisation favorise le commerce entre les pays au lieu de faire des obstacles aux relations commerciales internationales. 

Anton Stasuk 




Le sujet de ce blog(ue), alors qu'il s'exprimait par une affirmation, avec ses conditions et ses limites, suscitait autant de questions que de réponses.

«Quand l'aide internationale profite d'abord aux entreprises locales»

On rajoute simplement un «est-ce que» après le «Quand» et, soudainement, le processus réflexif prend une autre tournure. Et puis, avec cette question initiale, d'autres apparaissent, plus ciblées et plus complexes. 

Comment mesurer ce niveau de profit? Comment comparer celui des entreprises avec celui des populations locales, les bénéficiaires primaires visés par les différentes initiatives? Comment dont déterminer si des initiatives profitent davantage aux entreprises des pays développés qu'à d'autres intervenants? Et puis de quelles entreprises «locales» est-il question; de ceux des pays développées ou en développement? Une panoplie de questionnements donc, aussi riches et empreints d'incertitudes les uns que les autres.

Mais toute la puissance des affirmations ne se révèle-t-elle pas par les questions qu'elles soulèvent? Questions qui motivent des réflexions particulières, qui à leur tour imposent une exploration, des discussions, des prises de positions, etc. N'est-ce pas là le cycle grandiose du partage des savoirs du monde?

De ces nombreuses discussion suscitées par cette affirmation initiale ont ainsi émanés plusieurs blog(ue)s, ainsi qu'une petite question à sondage: à qui profite d'abord l'aide internationale? 

Afin de répondre à cette question, quelques constatations s'imposent: 1) dès lors que ce ne sont ni les populations ni les entreprises vulnérables des pays en développement qui sont principalement valorisées, on ne peut plus classer une intervention internationale comme une aide internationale; 2) surtout, l'aide est contextuelle, dans la mesure où des situations particulières, divergeant de pays en pays, et même de région et de localité, engendrent des enjeux qui révèlent des réponses innombrables. Par exemple, un projet de construction de maisons à Port-au-Prince qui favorise SNC-Lavalin ne mobilise pas le même réseau qu'un projet visant des objectifs identiques mais dans d'autres pays et des localités avoisinantes.  

C'est donc dire qu'il est impossible de se prononcer fermement sur le sujet de sondage, et il l'est tout autant d'établir un diagnostic précis sur la situation de l'aide internationale.
_______________________________

Globalement, c'est ce genre de complexité et de partage de savoirs ô si magnifiques qu'a permis cet exercice pédagogique dans le cadre de notre cours. De la situation des femmes au Sri Lanka, en Inde, à celle des immigrants et des stéréotypes envers les personnes âgées, parmi tant d'autres, des sujets ont suscité, tant dans leur interprétation individuelle via le blogue que leur interaction collective post-rédaction, de réflexions et discussions enrichissantes, permettant des apprentissages très humains, un partage d'opinions qui ne peut qu'être bénéfique pour notre esprit critique et notre compréhension du monde. Comme l'ont été, à leur façon également, les divers exercices de ce cours, des oraux aux analyses de pratiques culturelles publiées en ligne. Un véritable bassin de réalités à interpréter et partager, sur lesquelles réfléchir. 

Charles-Éric Lavery 



En guise de conclusion, il apparaît important de se pencher dans un premier temps sur le concept d’aide. Guillaumont (1968) définit l’aide comme un don car selon ses propos elle consiste à apporter un secour  à qui en a besoin et ce sans demander de contrepartie immédiate ou lointaine.
Cette définition nous amène donc à reconnaître que l’aide internationale consiste donc à venir en aide à des pays en voie de développement en leur fournissant certaines ressources sans contrepartie particulière. Or en regard de cette définition, et de l’ensemble des propos évoqués dans ce blogue on peut constater qu’il y a un paradoxe entre la définition de l’aide et les faits constatés. Par conséquent le terme  « d’aide » perd tout son sens ici.

Dans le cas de l’aide internationale on fait face à une aide qui va vers deux directions car  comme on a pu le voir, les pays en voie de développement semblent contribuer eux aussi au développement économique des pays développés  et ce en même temps que cette aide leur est apportée. Il s’agit bien là d’une contrepartie. Par ailleurs, cela a été illustré avec le cas de « l’aide liée »  qui est une aide qui profite aux entreprises des pays  aidant car elle répond à une logique de développement économique qui s’inscrit dans le cadre d’une demande des acteurs politiques.

Les actions menées par les entreprises GLaxosmithkline (GSK) et Maison Laprise démontrent que parfois il arrive que le malheur des uns fasse le bonheur des autres. En effet certaines entreprises perçoivent les conditions de vulnérabilité des populations vivant dans les pays en voie de développement comme une occasion d’affaires à saisir. Le cas de GSK qui cible les pays émergents pour compenser un éventuel manque à gagner dans les pays développés, en raison de la crise illustre parfaitement cela.

 Comme on a pu le voir encore, avec l’entreprise Maison Laprise, parfois même les ressources et les capacités disponibles des pays qui reçoivent l’aide sont totalement ignorées. Cela souligne le fait que ces entreprises perdent à l’esprit le fait que l’aide en plus d’être un don,  doit avant tout être un appui.

Enfin cela met en évidence le fait que leur stratégie vise prioritairement  à déterminer quel profit ils peuvent tirer des pays émergents.

Guillaumont Patrick .1968. Laide internationale au développement. Revue économique. Volume 19, n6.

Marly Barry


L'aide internationale profite t'elle réellement au pays en développement? Meme si dans une certaine mesure, les pays pauvres en profitent, force est de constater que l'avantage pour ces derniers aurait été plus grand si d'une part certains dirigeants ne se livraient pas à la corruption au point de detourner l'aide à d'autres fins ou entretenir des reseaux indirects qui permettent aux pays donateurs de recuperer avec la main gauche ce qu'ils donnent avec la main droite comme nous l'avons signalé avec les contrats de désendettement et de développement (C2D). Notre mot de fin est que les populations des pays développés, qui par leurs impôts et leurs dons, pensent venir en aide et faire du bien aux populations des pays les moins avancés, aient une meilleure visibilité sur le circuit de l'aide. Mieux informées, elles pourront aider à une meilleure réorientation de l'aide.


Germain Bomisso



1 commentaire:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

    RépondreEffacer